• Hors série : Libertine*

    * le trait est ici volontairement noirci, non sans ironie...

     

    Hors série : Libertine*

     

    Je suis une femme avide de sexe. La société dispose d’un tas de noms d’oiseaux pour qualifier les femmes, qui comme moi, ont un appétit insatiable. Les sobriquets de Marie-salope et Marie-couche-toi-là ont eu leurs heures de gloire. Ce n’est pas sans une certaine condescendance normative qu’on nous qualifie de nymphomanes. Mais on dit plus couramment salope, cochonne, chienne. Termes qualificatifs généralement surenchéris d’adjectifs qualificatifs tels que petite, grosse, sale...

     

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    Selon un nouveau concept “clinique” en vigueur, je suis supposée être sujette à l’hypersexualité. Comme je n’en souffre pas le moins du monde, je peux considérer que je ne rentre pas dans la catégorie de celles qui subissent le syndrome dit d’excitation génitale persistante.

    Pour parler plus simplement, je suis une sacrée baiseuse. Le besoin de sexe est plus fort que moi. Je ne suis donc pas très regardante sur les vertus morales de mes partenaires, tant qu’ils me plaisent et m’attirent. Tout ce que j’exige, c’est d’être bien montée, au moment où je daigne accorder mes faveurs. Etre une femme facile pour hommes faciles est une facilité très aisée à obtenir, et à porter, quand on est pas trop mal faîte.

     

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    Je puis vous assurer que mes compulsions sexuelles ne sont dues ni à des circonstances malheureuses, ni a des difficultés d’ordre psychologique ou psychanalytique. Bien au contraire. C’est une disposition innée. Si le besoin soit disant excessif de sexe chez une femme est une maladie, ce dont je doute, je sais parfaitement me soigner toute seule: je baise.

     

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    Il y a bien longtemps que la morale n’a plus prise sur moi. Ou plutôt, ma morale est strictement hédoniste: elle est pratique sexuelle. Je veux donner autant de plaisir que ce que j’en prends. Mon insatiabilité libidinale m’apparaît donc bien plus comme un signe de grande vitalité que comme une maladie honteuse.

    Les hommes me prennent pour une belle salope? Et alors? Je sais qu’ils aiment ça, ces salauds. J’ai très tôt appris à les réduire en retour à leur membre. Cela demande si peu d’efforts. Ils sont si naturellement enclins à glisser sur ce terrain. Si vous les voyiez, tous ces chiens, avec leurs queues plantées dans mon cul. Si vous saviez le nombre d’hommes prétendument vertueux j’ai pu entraîner dans mon sillage. Que j’ai cuit plus qu’à point.

    Mon anatomie? Je suis bien tanquée, et très sensuelle. Bref, je suis bandante.

    Qu'on se garde bien de me considérer comme l’esclave de mes pulsions. J’ai su cultiver ma passion avec maestria.

     

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    Je suis une chasseuse invétérée, et qui plus est, une maîtresse accomplie. Je chasse à la fois pour le plaisir de chasser, et pour celui de rapporter du gibier. Je trouve ma dignité là où les petites conventions sociales bourgeoises voudraient me faire croire que je n’en ai pas: dans le nombre de mes conquêtes.

    Je ne me sens nullement solidaire des autres femmes en matière de séduction et de copulation. Je suis très femelle. C’est comme ça.

     

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    Toutes ces femmes qui s’imaginent qu’elles peuvent changer les hommes, et finissent cocues, m’exaspèrent. Partant, qu’elles se retrouvent cocues avec moi, ou avec une autre, quelle différence cela fait? Et puis cette idée de fidélité.. sincèrement, quelle farce! Personne n’appartient à personne.. et puis quel manque d’imagination! Je veux bien croire que certaines personnes soient d’un naturel aussi fidèle que le mien est volage. Mais tous les couples autant qu’ils sont n’ont-ils pas leur part de non- dit? Quand bien même ils ne se trompent pas en acte, ils se trompent tous en imagination, dans leurs fantasmes les plus inavouables. Et dieu sait combien nos fantasmes peuvent être plus violents que nos actes.

    Ce que j’aime célébrer, à travers mon sexe, au moyen du sexe, c’est l’amour du sexe. Etant née bien faite, désirable et attachante, je voudrais bien que l’on me dise au nom de quelle idée saugrenue je devrais limiter mes ébats amoureux à un nombre déterminé de partenaires? Considérez-moi comme une infâme sauteuse, si ça vous chante! Je suis une mangeuse d’hommes. Dominatrice, libineuse, et intelligente, qui plus est. Une belle garce en somme. Il y a fort longtemps que j’ai compris que l’art de se soumettre aux besoins sexuels des hommes est un moyen redoutablement efficace de les dominer sans qu’ils s’en aperçoivent.

    Mais dites-moi... qu'est-ce qui vous dérange tant chez moi? Pourquoi me jugez-vous ignoble? Je pense savoir au fond ce qui vous perturbe chez moi. Je suis sexuellement incontrôlable. Je passe outre toutes vos barrières morales. Je représente donc une menace. Je porte directement atteinte à vos penchants possessifs et jaloux. Et à votre volonté de contrôler votre petit monde. J’ai d’ailleurs fort bien saisi toute l’ambiguïté de ces jugements moraux qui dénigrent les nymphomanes, et prennent en pitié les frigides. En quoi le fait d’aimer baiser à mort rendrait-il moins respectable que celui de n'éprouver aucun plaisir sexuel? Pourquoi les gens sont-ils si peu enclins à conjouir, et si aisément portés à compatir?

    Reste que je m’amuse beaucoup avec la gent masculine. Il n’est pas un seul homme qui ait su me résister. A tel point qu’il m’arrive parfois de me considérer comme une surdouée du sexe et de la séduction. Peut-être m’aurait-on brûlée vive sous l’inquisition. Ils sont si nombreux, aujourd’hui encore, tous ceux prêts à brûler tout ce qui les dérange. Ce n’est pas parce qu’on ne les laisse plus faire, qu’ils ont cessé de se reproduire.

    Et puis au fond, je vous le demande tout haut: au nom de quoi le Don Juanisme devrait-il être exclusivement masculin?

     

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