• Incubus (première partie)

      

    Incubus (première partie)

     

        Après lui avoir servi un thé, Daël fixa Cécile dans les yeux, sans prononcer un mot. La persistance de ce regard libidinal et silencieux la plongeait dans une gêne inconfortable. Il souriait. Elle éprouvait la désagréable impression d'être mise à nue. Comme s'il essayait, par ce silence, de sonder son âme. Elle en était arrivée au comble d’une patience où il s’était amusé à la laisser suspendre sa disponibilité. Excédée, elle lui dit enfin: 

    _ Mais que voulez-vous donc? Me rendre folle, c'est ça?

     Il savait à présent combien elle était encline à se livrer entièrement au jeu de la séduction. Et le jeu basculait enfin dans les méandres de la cruauté où il voulait la cueillir. Il jubilait. Il répondit crûment:

    _ Ce que je veux? Mais rien, rien du tout, sinon vous baiser, comme n’importe quel homme pourrait le vouloir. D’ailleurs, si nous avions fait partie de l’espèce canine, il y a bien longtemps que l’affaire eut été consommée. 

    Cécile_ Me baiser, me baiser, rien que ça? Et après? 

    Daël_ Et après.. hum.. vous baiser encore, et encore. Etreindre sans limites la brûlure du désir que votre curiosité et votre attirance pour moi vous font chérir, et qui humidifie votre entre-jambe chaque fois que votre goût pour les plaisirs sensuels et votre envie d’y céder se joignent.

    Elle emprunta un air affecté, qui n’était pas de circonstances, dans la mesure où c'est elle qui avait entamé les hostilités.

    Cécile_ Moi, voyez-vous, je ne suis pas de celles qui se font seulement sauter. Je veux plus. Il faut que l’on m’aime un peu. Il faut que l’on me fasse l’amour. 

    Daël_ Voilà de bien charmantes subtilités de langage, dont le beau sexe sait si bien se parer. Je pense qu’en effet, vous êtes suffisamment maline et raffinée pour ne pas vous faire monter par le premier venu. Mais qu’espèrez-vous donc de plus? En appeler à la divinité de l’amour, attiser le foyer des vastes espérances romantiques, et tout ceci, pour finir par vous faire ensemencer, et voir votre ventre grossir? La belle affaire, la grande banalité par laquelle passent la plupart des femmes, puisqu’elles sont conçues pour ça. Mais ne faites pas la sotte. Il n’est pas question de ceci ici.

    Cécile_ Et de quoi d’autre est-il question selon vous? 

    Daël_ De désir, de curiosité, et du jeu de hasard inhérent aux passions. Je lis en vos dispositions comme en un livre ouvert. Vous avez soif d’expérimenter la virilité masculine, tant sur un plan sensuel qu’intellectuel. Vous désirez en extraire la sève aventureuse jusqu’à l’épuisement, jusqu’à ce que vous puissiez vous ouvrir glorieuse sous les astres, comme une fleur abondamment arrosée. Vous avez beau revêtir cette soif d'apparats imaginaires, vous avez beau lui fournir de gracieux prétextes sentimentaux, c’est de cela au fond, dont vous avez envie. Vous faire monter, et plutôt bien que mal. Vous voulez qu'un amant vous étreigne, et satisfasse vos besoins.

    Elle se sentit chahutée et troublée par des propos aussi vigoureux. Il y avait dans ces mots quelque chose d’à la fois terriblement cynique et brutal, et d’irrésistiblement excitant. Comment aurait-elle pu nier au fond d’elle-même, qu’elle était arrivée à cet âge de femme, où une femme libre ne désire point encore porter la vie, mais veut écarter les jambes, et faire maintes expériences de la virilité, qui seront autant d’indications sur les limites de sa propre sensualité. Quelles que puissent être les représentations mentales dont elle auréolait ce désir, quels que puissent être ses rêves les plus inconsidérés, il était bien question de cette découverte d’elle-même. C'est ce qui l'aimantait à cet homme à la fois indéchiffrable et irrévérencieux, qui dédaignait encore ses formes fraîches, là où tant d'autres auraient déjà cédé. Elle refusa cependant, par orgueil, d’en faire l’aveu, préférant rétorquer:

    Cécile_ Voilà de bien belles tirades. Mais n’est-il pas quelque peu présomptueux, l’homme qui prétend savoir ce qu’une femme attend, ou pas?

    Daël_ La femme n’est pas une créature aussi mystérieuse que les poètes idéalistes se plaisent à le chanter. Elle est naturellement faite pour être foutue. Et bien folle celle qui s’en priverait. Il y a cependant en chacune d’elle, si vous me passez le caractère trop général de mon discours, cette tendance à préférer s’accoupler avec celui qui flatte leur vanité, qui alimente habilement leurs espérances sentimentales, qui les conforte dans leur besoin de sécurité, plutôt qu’avec celui qui leur parle de plaisir immédiat. Elles voudront toujours faire du premier un mari, alors qu’elles se réserveront le second pour assurer les fonctions d’un amant, en cas de défaillance du premier. Et pourtant, très chère, ne m’accorderez-vous pas que ceux qui se bornent à faire des avances hédonistes qu’ils peuvent honorer sans plus attendre, sont souvent bien plus honnêtes que ceux qui s’affublent de promesses morales que la plupart du temps, ils échouent à tenir?

    Cécile_ Il est certes beaucoup plus facile de se livrer à des jeux érotiques que de construire un couple. Mais si je comprends bien, c’est à mon cul que se réduit votre intérêt pour ma personne. 

    Daël_ Je songe au libertinage, en effet. Ou pour parler avec plus de courtoisie, à un culte érotique des sens. 

    Cécile_ Chercheriez-vous quelque chose comme une partenaire soumise à vos caprices sexuels?

    Daël_ Oh que non, mademoiselle, je ne cherche personne qui se soumettrait à moi. Loin de moi toute velléité d'appropriation, qu'elle soit sacrée ou profane. J'aime bien trop la liberté et les individus libres!

     Cécile_ Et où ce culte, comme vous nommez la chose, mène-t’il? 

    Daël_ Au plaisir et à la délicatesse d’une luxure libérée des affligeantes contraintes sociales, et que seuls les libertins savent se prodiguer, en des alcoves connus d’eux seuls. Pourquoi vouloir chercher toujours plus loin, alors que la célébration d’une réjouissance naturelle et instantanée est à portée de nous, dès que nous le désirons?

    Cécile_ Mais une telle relation n’a aucun avenir! 

    Daël_ Croyez-vous vraiment que notre espèce, qui répète indéfiniment les mêmes schémas, est faîte pour bâtir l'avenir? Nous sommes des éphémères. Et le libertinage et l’hédonisme sont des cultes de l’éphémère. A quoi bon les abîmer avec une échelle de valeurs temporelles, condamnée par avance, alors qu’il n’y a qu’à nous offrir à notre goût pour le plaisir, pour nous libérer ponctuellement de toute entrave?

    Cécile_ Mais dans ce cas, pourquoi vouloir fonder une relation sur le libertinage? N’est-il pas préférable de butiner où tous les vents nous portent? 

    Daël_ Ces choses ne sont pas contraires, très chère. Se laisser porter indéfiniment par tous les vents, cela conduit inexorablement tout être un tant soit peu raffiné à finir par découvrir un désert rébarbatif où toutes les oasis se ressemblent, et où il prend trop peu le temps de jouir de l’ombre et de la fraîcheur prodiguée par la volupté des lieux qu’il visite. Et puis, nous ne sommes pas tous compatibles. Enfin, il y a dans la concupiscence une exploration du plaisir érotique qui réclame un peu de temps et de pratique, afin que s’établisse entre des amants une vraie célébration des sens. Le libertinage n’a peut-être aucun avenir, mademoiselle, mais c’est un culte de tous les instants.

    Cécile_ Voilà qui est joliment dit.. mais je ne partage ni votre cynisme, ni votre mépris. La magie de l’amour existe, et le mariage en est une magnifique célébration. 

    Daël_ Et bien pardonnez ma rudesse, mais si je vous accorde qu'un amour authentique peut lier des amants, l’idée de réduire cet amour au mariage, en revanche, m’est devenue intolérable. Car de quoi est-il question, au fond, avec le mariage, qui sait si bien se revêtir des parures de la morale sentimentaliste, sinon de l’appropriation du sexe de l’autre, qui est une volonté contre nature?

     Cécile_ Et pourquoi donc contre nature? 

    Daël_ Parce que contrairement à d'autres espèces animales, le primate humain n’est pas génétiquement programmé pour avoir un seul partenaire sexuel au cours d’une vie. 

    Cécile_ Et que faîtes-vous du mystère de l’amour? 

    Daël_ L’amour.. pourquoi donc l’amour entre deux êtres serait-il synonyme de cette appropriation officielle et coercitive, qui bien loin de légitimer l’amour, légalise la possessivité? C’est une colossale erreur, un monstrueux égoisme.. il n’y a qu’à voir la multiplication des divorces qui se produisent dans une société, dès lors que les fondements religieux ou moraux, qui soustendent parfois jusqu’à l’absurde cette appropriation, s’érodent.. vouloir vivre selon les préceptes du mariage, et exclusivement selon eux, c’est non seulement aller contre notre propre nature, mais c’est encore livrer l’amour à un mensonge particulièrement fertile en douleurs et souffrances absolument dispensables. Il suffit de se débarrasser de ce besoin instinctif d’appropriation sentimentale, si contraire au désir sexuel, pour mesurer toute la dérision de la chose.

     Cécile_ N’omettez-vous pas la peur de perdre l’être aimé, à laquelle le mariage et la promesse de fidélité sont supposés répondre..? 

    Daël_ Personne n’appartenant à personne, le risque de perdre un être aimé est inhérent au fait qu’il nous donne son amour en échange du nôtre. Ce risque contribue d’ailleurs énormément au caractère si précieux de l’amour. Ne pas l’accepter, c’est déjà ne pas mériter cet amour. Et puis en quoi la fidélité entre deux êtres devrait-elle être synonyme d’appropriation sexuelle? Ce besoin contradictoire, qui nous vient de notre possessivité, et de nos craintes, est surtout la traduction du manque de confiance qui lie les amoureux. En se mariant au nom de l’amour, ils croient établir un contrat social de confiance. Ils espèrent que le caractère officiel d'une telle cérémonie solidifiera leur relation. Et déjà ils se trompent..

    Cécile_ Vous devez avoir été bien malheureux en amour..

    Daël_ J'ai déjà connu les joies et les désillusions qui guettent votre jeune fleur. Mais détrompez-vous. Je ne suis pas un blasé, je suis un jouisseur. Je vous affirme que le mariage n’a pas d’autre mobile que la volonté de contrôler les passions, et par d’autre fondement, que le besoin d’appropriation du corps de l'autre. Et depuis toujours, il échoue à satisfaire ces deux points, et fonde l’adultère. Ainsi, au nom de l’amour, et par peur de perdre l'être tant désiré, le principe du mariage pollue l’amour. Si vous aimez quelqu’un qui vous aime en retour, acceptez qu’il ait d'autres besoins. Acceptez qu’il s’épanouisse au delà de cet amour. Car cet épanouissement nourrira cet amour. Si vous n’aimez pas ce genre de besoin, c’est que vous n’aimez pas la personne qui a ces besoins. Et de quoi donc avez-vous peur? Que cette personne vous quitte? Croyez-vous qu’en allant contre ses désirs, vous avez plus de chance de la garder que de la perdre? Voilà un bien curieux calcul. Non seulement, vous risquerez encore de la perdre, mais elle satisfaira immanquablement ses besoins en vous mentant. Et vous satisfairez les vôtres en lui mentant. Quelle étrange manière de concevoir l’amour et la confiance.

    Il lui fallut bien reconnaître que ces propos étaient sensés, bien qu’elle ne parvenait pas encore à y consentir totalement. Elle reprit:

    Cécile_ Il me faut convenir que vous mettez le doigt là où le bas blesse. Mais je vous le redemande encore une fois: et l’amour dans tout ça? 

    Daël_ L’amour est une espérance qui ne s’élève que très rarement aux somptueux reliefs des passions romantiques. Nous traversons des déserts. Nous poursuivons nos mirages. Nous nous adorons. Nous nous entre-déchirons. Tous ceux qui ont la chance de flirter avec les sommets de la passion en payent nécessairement le prix. Mais pour la plupart d’entre nous, il ne s’agit jamais en définitive que de mettre au monde une progéniture, en tâchant de rendre solidaire la routine de nos solitudes. Par quoi nous croyons découvrir un sens à nos vies, une stabilité et un équilibre psychologiques vitaux. Mais au fond, nous répondons à la plus terrible de nos faiblesses: la peur quotidienne d’être seuls, de vieillir seuls, et de mourir seuls.

    Cécile_ C’est un point de vue bien cruel.

    Daël_ Cruel, vraiment? N'est-il pas bien plus cruel, contre nature et hypocrite, d'entraver la liberté individuelle au moyen d'une camisole de force morale? Cessons de parler de telles balivernes, voulez-vous bien! D'autant que l’amour n’est pas le mobile qui vous mène à moi. Et puis je suis repu d’amour. J’ai bu au calice de l’amour jusqu’à plus soif. Sachez que si la psychologie amoureuse et la recherche du bonheur peuvent favoriser la découverte de la dynamique sensuelle, ainsi que les mécanismes érotiques, elles peuvent tout aussi bien les annihiler. N’est-il pas absurde de ruiner des plaisirs certains au nom d’un bonheur toujours incertain? N'est-il pas insensé d'enfanter le malheur au nom de ce bonheur?

     Cécile_ Peut-être.. mais le respect. Qu’avez-vous à en dire, vous?

    Daël_ Le respect, ma chère, la majorité des gens s’y soumet plus par crainte de représailles, ou en vertu d'un calcul moral qui vise à être respecté en retour, que par un élan naturel de bonté originelle. L’amour, d’ailleurs, n’a jamais été gage de respect. Bien au contraire. Il génère plus surement la convoitise, la jalousie et la haine, que ce sentiment rationnel qui veut que l'on considère l'autre comme une fin, et non comme un moyen. En revanche, dès qu'il est question de libertinage, le respect apparaît dans toute sa clarté. Il consiste simplement à bien foutre tout en étant bien foutu. Le contrat que passent entre eux les libertins est rigoureusement sain: leur seule fin est de jouir. Et ils s'en donnent les moyens. 

    Cécile_ Mais qu’espérer y découvrir?

     Daël_ Des réjouissances instantanées qui sont déjà un bonheur, et ce, sans se vouer à l’enfer terrestre qui guette tant de couples empoisonnés par les liens d’une morale qui n’existe pas dans la Nature. 

    Cécile_ C’est donc vers des rivages naufragés d’avance que vous voulez me conduire.. 

    Daël_ Et alors? N'est-ce pas vers des rivages naufagés d'avance que nous conduisent la morale et l'amour? Puisque le naufrage est inévitable, à quoi bon se priver d'en jouir? D'ailleurs, qu’est-ce qui vous amène à moi, sinon la tentation de jouer la carte hasardeuse de la séduction? Qu’est-ce qui vous ennuie tant, chez vos divers amants, chez vos divers amis, que vous frappiez ainsi à la porte de mon épaisse solitude? 

    Cécile_ Vous me plaisez, et je suis très curieuse, voilà tout.. 

    Daël_ Et bien cessons-là ces enfantillages de la raison.. j'ai déjà répondu, je crois, à votre curiosité intellectuelle. A présent, il vous suffit de laisser descendre tout votre être dans la brûlure de votre ventre. Il vous suffit de considérer votre sexe comme un sanctuaire à bénir. Vous pourrez alors apprécier combien ma queue est un archipel destinée à vous honorer. Que votre seule divinité soit le plaisir sensuel. Que votre seule prière soit l’écartèlement de votre entre-jambe. Voilà ce qu'il me faut!

     Cécile_ Ainsi donc, vous voulez me réduire à mon sexe. 

    Daël_ Je reconnais là tous les traits d'une remarque digne d'une jeune femme. Comme il est savoureux, ce caprice du beau sexe, qui parce qu'il pense avec son sexe, refuse d'y être réduit. Votre entre-jambe est vôtre. Faîtes-en ce que bon vous semble. Ma porte vous êtes ouverte. Vous pouver entrer, ou sortir. 

    Cécile_ Il est clair que vous autres, mâles, vous complaisez à tirer une grande fierté de votre membre viril. 

    Daël_ C'est dans notre nature, en effet. Nous ne rechignons pas à foutre. Mais chacun ses petites complaisances, ma douce. Vous autres, femelles, avez quant à vous des complaisances bien féminines à l’égard de votre con. Vous avez cette tournure d'esprit psychologique toute sexuelle, qui ne consiste à véritablement vous abandonner à la brûlure de votre ventre avec un partenaire, que quand ce dernier est parvenu à vous faire oublier qu’au fond, vous avez entre les jambes cette fente qui par le clitoris bande, et par le vagin mouille. Mais la vérité, c'est que vous adorez sentir votre être entier y descendre, pour y vibrer et y jouir.

        A présent, c’est elle qui adoptait l’attitude du silence. Elle avait l'impression d'avoir été pénétrée de part en part. Il ne lui avait donnée aucun baiser. Ne lui avait prodiguée aucune caresse. Et il ne lui avait pas encore présenter ce membre, dont la nature, qui fait si bien ce qu’elle fait, a doté l’homme, pour pisser, et pour foutre les femmes. Il n'avait fait que lui parler. Elle ne savait plus vraiment si elle devait rester, où s’en aller. Mais ses oreilles étaient résolument attentives. Il reprit promptement :

    Daël_ N’avez-vous jamais remarqué que la plupart des individus sont parfaitement capables de se satisfaire eux-mêmes en ayant recours à la masturbation, alors qu’ils ont le plus grand mal à supporter la solitude? Ils sont si massivement portés à fuir leur propre solitude, qu’ils préfèrent s’adonner quotidiennement à de vains bavardages, parlant de tout et de n’importe quoi, n’importe comment, plutôt que d'avoir à souffrir d'être seuls.. 

    Cécile_ Heu, peut-être.. mais je ne vois pas le rapport avec notre discution. 

    Daël_ Ne trouvez-vous pas fort ironique que cette partouze verbale soit si universellement répandue? Que les gens fassent tant de manière pour ce qui est de foutre, alors qu'ils se complaisent dans les orgies du bavardage?

    Cécile_ Je n'y ai jamais pensé..

    Daël_ Peu importe.. dites-moi plutôt, combien de fois vous êtes-vous massée le clitoris et doigtée le con en imaginant que c’était ma langue, mes doigts et ma queue, qui s’occupaient de ces deux parties essentielles de votre anatomie? 

    Cilène_ Mais qu’est-ce qui peut bien vous faire croire que vous habitez mes fantasmes? 

    Daël_ Le jeu du hasard, ma chère. le jeu du hasard. Nous voulons tous jouir. C’est pour cette raison que nous nous livrons au hasard de la séduction. Alors nous lançons les dés, et fatalement, tout s’ébranle, tout calcul, tout effort de contrôle est dépassé, inévitablement, et parvient à une situation qui excède toute prévision, et qui ne peut pas être une autre. Et nous désirons plus encore ce qui nous a fait jeter les dés: nous voulons nous en réjouir. Quel qu'en soit le prix. Il en va toujours ainsi avec la fatalité de la séduction. Ou bien elle se suffit à elle-même. Ou bien elle nous fait chavirer vers des rivages inconnus. Alors, dites-moi, combien de fois?

    Elle murmura quelque chose, mais le murmura si doucement qu’il ne parvint pas à l’entendre. Il la devinait quelque peu surprise par la tournure que prenait cette conversation.. il reprit:

    Daël_ Savez-vous ce que j’attends de vous, à présent? 

    Cécile_ Non.. mais je suis sûre que vous aller me le dire. 

    Daël_ Presque rien.. j’ai au fond si peu d’exigences.. je voudrais que vous vous rasiez la chatte. Que vous le fassiez pour moi, en pensant à moi. Et si vous le faites, et que cela vous excite, alors masturbez-vous. Ensuite, apportez-moi cette petite douceur nue sur un beau plateau sensuel, avec ce petit zeste de lubricité sans lequel l’humanité n’a pas de sexe. Il vous suffit de revenir frapper à ma porte. Je vous recevrai avec beaucoup de gentillesse, vous verrez. Vous pourrez me raconter comment vous vous êtes rasée, et branlée. Vous pourrez me dire si cet orgasme fut bon. Et alors, je commencerai à m’occuper de vous. Je vous lécherai généreusement. Vous n’aurez pour obtenir ces délicatesses qu’à me faire l’offrande de vos jambes écartées. Car je suis un lécheur invétéré, mademoiselle. Puis je me ferai l’ardent serviteur de vos orifices. Et vous pourrez tout exiger de ma virilité, à condition que vous vous occupiez bien de ma verge en retour. Mais surtout, n’oubliez pas de laisser vos impulsions romantiques sur le palier. Maintenant, je dois vous congédier. Cette discution m'a mis en bouche. Il faut je me branle. Je vous laisse réfléchir à tout ce que nous venons de dire.

    Il se leva, et la raccompagna à la porte. Elle était de nouveau seule, avec son entre-jambe humide, et quelque chose comme un avant goût de sperme à la commissure des lèvres. Pas plus avancée quant à son avenir de femme. Pas plus en tout cas, qu’elle ne l’était déjà auparavant. Mais la chatte toute mouillée.

     

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