Juché sur un promontoire chimérique, François était totalement subjugué. Tout autour de lui ondoyait, luxuriant, en dégageant des parfums d'une indicible volupté. Dans son trouble, le visage de sa maîtresse subissait des variations insolites. Parfois même, la couleur de ses cheveux changeait. Un concert de soupirs hypnotiques l'environnait. Il avait l'impression de coucher avec plusieurs femmes à la fois. Mais un seul nom montait à ses lèvres, tel un murmure irrépressible. 

François_ Ah, Sonia, tu es un temple de plaisir..

Sonia_ Hum, quel doux compliment.. vas-y, agite encore en moi cette tige verticale qui te sied de totem.

 

Toute proche de l'orgasme, Sonia glissa sa main habile entre les cuisses de son amant, et lui massa les bourses, tout en contractant son vagin sur sa verge.

François_ Ah.. quel doigté.. quelle danse du ventre.. mon pénis est en feu.. je vais jouir!

Sonia_ Oui, cathédrales, catacombes, comble-moi d'elixir.. béni mon autel matriciel, arrose-moi, sanctifie-moi! Je suis prête!

François_ Quelle diablesse.. ah, je viens.. ah oui!

Une tornade capiteuse les engloutit. Peu après, François eut l'impression de flotter dans les orbes de l'éternité, tant et si bien qu'il n'aurait su dire s’il était mort ou vif.

 

 

 

Il dégagea alors son membre du sexe de sa concubine, dont l'utérus laissa échapper une coulée de sperme. Elle passa la main sur ses lèvres en y étalant le liquide qui s'écoulait de sa vulve.

 

 

Sonia_ Hum.. tu as bien inondé mes entrailles fertiles. J’aime sentir la semence du mâle se déverser en moi. Et il n'est pas d'onction plus divine que fleurer une puissante giclée pendant que je jouis.. C'est comme un sacrement.

François_ C’est bien plus harmonieux d'atteindre la petite mort ensemble..

Sonia_ Plus cérémonieux, oui..  il ne peut y avoir de baptême que quand l'âtre est en feu. Ce n'est qu'à cette condition que le coît devient une célébration de la gynécée.

François_ L'éjaculation te stimule tant que ça? 

Sonia_ Oui.. l'extrême-onction de l'écume fait partie de mon délice.. l'érection ne saurait suffir.. car est-il au monde d'endroit plus délectable que ma fleur enflammée de spasmes pour qu'un dard se décharge? Bien des hommes me trahissent, qu'ils soient trop précoces, ou trop tardifs. 

François_ J'éprouve un sentiment de quiétude singulier.. Tous mes sens sont en éveil.. mais je n'arrive plus à bouger.

Sonia_ Tu n'as donc encore pas compris?

François_ Que me faut-il comprendre?

Sonia_ Ce que tu éprouves n'est autre que le reflet de ta volupté éperdue dans les volutes de ma chevelure. J'ai répondu à l'appel nocturne de ton fauve désir. Ton corps de faune réclamait à grands cris ma flore. Et je suis venue dès l'instant de ton abandon.

 

 

 

François_ Qu'est donc cet envoûtement?

Sonia_ Ne lutte pas.. je te possède.. approche-toi.. je veux couvrir de baisers tes oreilles.. malaxer ton pénis du miel de mes soupirs. Entends-tu mes souffles, et mes murmures?

François_ Je crois entendre l'ondoiement d'un chant..  il y a une chapelle ouverte là-bas, sur le flanc de la colline, où on célèbre avec félicité les bénédictions de la pluie..

Sonia_ Oui, inhale ce pollen.. écoute cet appel à plus d'ébats..

 

 

François_ Ensorcelleuse.. divine ensorcelleuse..

Sonia_ Vois mon corps, issu des âges immémoriaux. C'est ton sanctuaire et ta tombe..

 

 

François_ Je tombe.. non, pas encore.. je dérive.. mais qui sont tous ces êtres autour de moi? Où suis-je?

Sonia_ Dans mes bras.. ce flot d'ivresse qui nous submerge sans procréer est ma consécration.. vois comme je suis à présent disposée à te laisser te déverser partout en moi..

 

 

François_ Je crois sentir les embruns d'une plage.. j'entends la valse des vagues..

Sonia_ Tu es aux portes de mon calice..

François_ Une liqueur s'écoule d'une fleur.. je m'y suspends..

Sonia_ Oui, diffère ici tes songes.. mon ventre ne grossira pas.. viens.. rejoins tous mes amants, viens mêler ton nectar aux leurs.. c'est là que se propage les charges et les décharges.. vois tous ces poulpes ventousés à mon corail.. vois comme ils baignent dans le mélange de leurs encres..

François_ Bon dieu, tu es une succube.. Je dors.. c'est ça.. je suis en train de rêver..

Sonia_ Je suis le démon de tes rêves, mère des hommes, et fille de leur virilité cruelle. Mais soit serein, l'heure n'est pas au cauchemard.. et maintenant, bois un peu de ma sève..

François_ Grand dieu, quel breuvage exquis.. et cette coupelle dont il se déverse..

 

Sonia_ Je suis la gardienne des semences oniriques.. et il n'y a aucune échappatoire à mon emprise.. reviens contre moi.. vénère mes exigences.. notre messe nocturne n'est pas encore finie.. louée soit la nuit.. louée soit la nuit. Approche ton bénitier de ma bouche. Je veux me repaître de foutre.

 

 

François_ Monstrueuse ensorcelleuse, je bande, je bande..

 

 

Dans le rêve de François, l'étrange créature qui avait pris le nom de Sonia se démultiplia, et se délecta de son sperme, en l'étreignant et l'abreuvant de mouille toute la nuit. A l'éveil, il trouva ses draps pollués. Mais il ne découvrit aucun signe du passage de la démone. Le souvenir de cette nuit, malgré le jour levant, demeurait implaccablement marqué du sceau d'un obscur oubli.