La Mécanique Orthogonale

X=féminine.

Y=masculin.

Leurs regards se croisant sans qu'ils puissent se voir, X et Y n'ont pas à se faire la cour pour s'étendre ensemble sur un même lit. Un frisson aveugle leur suffit. Nus, l’un contre l’autre, seulement recouverts des draps du désir, ils s’embrassent avec ferveur, mélangent leurs salives. X branle le xy d’Y, et Y masse le xx d’X. Confusion de caresses intimes, ancestrale géométrie des voluptés, course hystérique, courbe immémoriale, coordonnées éperdues! Abandonés l'un à l'autre au plaisir clandestin qu’ils se procurent, ils pivotent sur l'axe, de telle sorte que l’équation [(X + (xy) )  x  (Y +(xx))] = 69. X avale, suce, et pompe le xy d’Y, tandis qu’Y lèche, aspire et enfourne sa langue dans le xx d’X. Y écrivait. X lira. A moins que ce ne soit l'inverse. Leurs bouches se repaissent de liqueurs délicieuses. Ils se parlent, mais leur dialogue n'est que l'union mutique de leur gestes. Résonnances hétérogènes incantant un septième ciel homogène, ils ne sont plus que la phase d’un seul et même souffle; leurs sueurs, un unique parfum. Mais X ignore tout de la jouissance d'Y, comme Y ignore tout de celle de X. Et toutes leurs paroles, inachevées, se dispercent en murmures et soupirs qui ne répondent jamais qu'à l'appel de l'indéfinie circonvolution de xx et xy.